Pépinière de reforestation - Un petit patrimoine agricole

L’Atelier du Limousin, un atelier hors-les-murs de l’ENSA Paris Val-de-Seine, a pour ambition de créer sur un site patrimonial remarquable au cœur des monts d’Ambazac le premier lieu d’enseignement et de recherche en architecture en milieu rural. Dans ce cadre, à onze étudiants, nous avions pour objectif de concevoir une esquisse de ce projet et de construire une partie du programme. C’est donc la construction d’une pépinière, d’une remise à outils et l’aménagement d’un escalier en pierre sèche qui initient ce projet. Le projet révèle un patrimoine paysan de murets pour le soigner et l’utiliser dans ses qualités paysagères, bioclimatiques et architecturales. Depuis la grange voisine, la silhouette des toitures cadre un accès vers un paysage en contrebas composé de potager et de forêt nourricière. Dans une logique de liaison entre plateau haut et plateau bas, le projet réinvestit un mur de soutènement pour y installer un escalier en pierres sèches qui consolide l’ouvrage, et y adosser une serre et une remise à outils bénéficiant à l'activité maraîchère. Les dispositifs constructifs sont simples, bio et géo sourcés, issus d’une dynamique de réemploi inventive et des savoir-faire locaux. Les logiques bioclimatiques sont intégrées au bâtiments, l’inertie thermique du muret bénéficiant à la serre. Les logiques de conception sont quant à elles participatives, entre habitants, artisans, municipalité et étudiants. Dans les monts d'Ambazac, au Nord de Limoges, les surfaces agricoles sont vastes et nombreuses. Pourtant, dans la biorégion étudiée, on retrouve moins de 0,8% de terres dédiées au maraichage. Les terres sont principalement dédiées à l'élevage bovin. Cette surspécialisation entraîne une faible autonomie alimentaire du territoire, notamment en fruits, légumes et céréales. Pour nous nourrir, nous sommes dépendants de flux logistiques eux-mêmes dépendants du pétrole, alors même que le Limousin était principalement constitué d’agriculture vivrière pendant plusieurs siècles. Ce projet s’intègre dans une ambition de retour à cette agriculture diversifiée. Comment alors développer une capacité de maraîchage importante et facile d’accès pour les futurs étudiants et habitants du site ? Nous avons proposé et réalisé une pépinière qui participera au développement des surfaces cultivées et à la production maraichère pour le centre pédagogique, tout en offrant une nouvelle connexion entre la grange et le potager en développement. Les bâtiments sont construits avec des matériaux naturels locaux et de réemploi. La région étant riche en ressources forestières, la plupart du projet est en bois. Les fondations sont en pieux de robiniers, la structure en assemblages bois en Douglas de la biorégion et le bardage en châtaignier venant de moins de 2km du site. Pour le reste, c’est une dynamique de réemploi qui a guidé les choix. La trame du bâtiment est basée sur les dimensions d’un gisement de vitrage récupéré alors qu’il s’apprêtait à partir à la benne et qui habille la toiture en double vitrage de réemploi, tandis que les façades sont habillées de simple vitrage venant des chutes de menuisiers locaux. Enfin, l’étanchéité est assurée par des chambres à air de vélo usagées. Par-delà ses qualités architecturales, cette intervention architecturale porte des valeurs fortes par la dimension pédagogique et collaborative de sa conception, menée grâce à la convergence d’une pluralité de savoir-faire.