Rénovation passive d'une habitation conventionnelle de 1978 par une ITE paille

Projet déposé par PALISSON - 29 novembre 2016

Cette maison est née de la volonté d’habiter, pour un prix raisonnable, une maison aux matériaux sains, et aux performances techniques élevées, dans la campagne drômoise. Ce projet met en évidence les perspectives de l’ITE en bottes de paille dans la rénovation du bâti conventionnel dégradé, en rénovation écologique, contemporaine et durable. Nous retracerons ici le projet de rénovation, depuis le début de la conception, la mise en œuvre et 1an 1/2 après l'emménagement, en insistant sur les points suivants : - diagnostic, réponse architecturale et technique - isolation paille extérieure - la construction et les coûts du projet - retour d'expérience après un été avec instrumentation (région chaude, Drôme) ETAT DES LIEUX Le projet est né de l’achat d’un terrain situé sur la commune d’Alixan (Drôme), sur lequel se trouve un pavillon conventionnel de 1978 (petite maçonnerie de bloc de béton aggloméré et isolant polystyrène). Il s’agissait pour la famille d’une opportunité d’un terrain bien situé, équipé et arboré pour un prix raisonnable. L’enjeu du projet a été de rénover et agrandir la maison, très fortement dégradée et sans aucune qualité architecturale, en visant un niveau de performance thermique élevé, en utilisant des matériaux sains et dont la mise en œuvre soit accessible à l’auto construction. Ce terrain offre de nombreux avantages: la situation géographique du terrain, à Alixan - proche de Valence, un prix de vente assez bas, et un terrain arboré et protégé, avec une implantation favorable de la maison, orientée sud. En revanche, la construction âgée de 35 ans est très fortement dégradée. Les isolants ont en grande partie disparu, la laine de verre en toiture ne mesure que 3 cm, l'air en est plein de particules en suspension; et le polystyrène isolant les murs a été très fortement retiré par des rongeurs. Les plaques de plâtres sont sèches mais largement dégradées sur plus de 15 cm en partie basse, suite à une inondation du sol – ce phénomène s’explique par la faible altitude de la chape et la cuvette du terrain qui ramène les eaux de ruissellement dans la maison. L’habitation est en outre trop exiguë pour une famille de 4 personnes aux standards actuels et la distribution du plan est médiocre en terme de qualité d’espace. PROJET OBJECTIFS: Le maitre d’ouvrage, travaillant dans le bâtiment depuis 27 ans, a souhaité réaliser une grande partie des travaux. Les lots qu’il a confiés à des professionnels sont : - la conception architecturale, thermique et structurelle - la charpente (ossature et toiture) - la fabrication et pose des menuiseries - la ventilation (double flux) - l’eau chaude solaire. Ce projet est né d’une co-conception dès le départ. Les architectes, bureau d’étude, et entreprise ont longuement échangé leurs points de vue autour d’un objectif commun. Ainsi, la conception architecturale est intimement liée aux contraintes techniques et économiques et a permis pour un coût habituel la réalisation d’un bâtiment passif. SOLUTIONS TECHNIQUES ET MATÉRIAUX Là où un maitre d’ouvrage habituel aurait fait table rase, les Deschamps ont misé sur l’existant. La maison d'origine, un pavillon en parpaing en très mauvais état et sans qualité architecturale, est abordée comme une coquille dont on va tirer parti. Elle est utilisée comme un matériau de base, que l'on façonne et dont on supprime les parties inutiles, dont on adjoint des éléments capteurs et protecteurs. La nouvelle maison se dote ainsi d'espaces à vivres ouverts, aux circulations fluides. Les façades sont découpées en fonction de la course du soleil d'hiver, des vues et des relations au jardin, et des nouveaux usages. Elles sont isolées par l'extérieur en paille, rendant ainsi la façade homogène, par un enduit à la chaux, calme et serein. La toiture en bois massif déborde de l'enveloppe, affine et dynamise le volume, et fait brise soleil et abri pour la terrasse. Le parti architectural est immédiatement compréhensible grâce à la mise en œuvre des matériaux. Par cette rénovation, la maison gagne en confort, lumière, relations au jardin et intégration au site, compacité, homogénéité et contemporanéité. La simplicité des lignes et les matériaux premiers amènent sérénité et modestie. MATERIAUX: - Le parpaing: la base, l'accroche initiale. Générateur d’inertie - Une extension en ossature bois, - Toiture terrasse et contreventement intérieur en dalle bois massif CLT - De la paille pour l'isolation thermique (toiture et façades) - Des menuiseries triple vitrage bois/alu à rupture de ponts thermiques - Enduit chaux sur paille en extérieur et enduit terre en intérieur (sur parpaings existants) POINTS TECHNIQUES PRINCIPAUX - Toiture en bois massif : couvrir + protéger du soleil + habiller les plafonds. - Rationalisation des points porteurs pour la toiture - Etanchéité à l’air soignée : en conception puis pendant le chantier. - Gestion des ponts thermiques : en pied de mur (Isolation périphérique et de la dalle) + Mise au point des détails sur seuils, menuiseries en angles, pour maximiser les ouvertures et minimiser les ponts thermiques. - Chauffe eau solaire - VMC double flux avec registre de chauffe électrique (la maison, bien que rénovée est proche de 11 kWh et 10 W/m², c’est-à-dire comme le passif neuf) THERMIQUE: retour d'expérience après un été avec instrumentation (région chaude, Drôme) Des capteurs de température, humidité, CO2 et bruit ont été installés dans plusieurs pièces, dès le 29 juin, au moment de l’emménagement. Le pari a été fait par le maitre d’ouvrage de ne pas mettre pour l’instant d’occultations mobiles extérieures mais de prévoir des protections solaires fixes, une grande casquette côté sud, et des arbres feuillus existants coté Ouest. Le climat de Valence, situé dans la Drôme entre Lyon et Marseille est chaud et ensoleillé, avec la particularité d’être une région ventée. Le Mistral souffle du Nord vers le Sud, avec des rafales jusqu’à 100 km/h et plusieurs jours d’affilée. Malgré une année caniculaire et l’absence de protections mobiles, le confort d’été est resté satisfaisant pour les occupants et est aussi resté inférieur à la recommandation des habitations passives. COUTS DES TRAVAUX Durée du chantier: 12 mois (juin 2014 > juin 2015) Chantier: En auto construction sauf les lots : maçonnerie, ossature bois, menuiseries extérieures, CESI, VMC La maison existante, dont les fondations et dalles on été conservées ainsi qu’une partie de ses murs, a permis de générer des économies conséquentes (environ 45 k€) notamment sur les postes suivants (réduits ou inexistants) : - terrassement, VRD, réseaux et assainissement - maçonnerie (fondation, dalle, structure primaire des murs) - mise en œuvre de l’isolation paille en s’appuyant directement sur la structure (pas de montants bois) Cette économie limite l’impact environnemental direct (peu d’évacuation en décharge et de roulement de toupies de béton), qui s’ajoute à l'intérêt de conserver dalles et murs pour le confort d’été. CONCLUSION Les Interactions et remises en questions de chacun dans ses habitudes ont mené à un projet ambitieux et novateur, dans une dynamique de faire ensemble plutôt que faire avec, dans une compréhension et un respect mutuel. Il s’agit d’un projet et d’une démarche reproductibles.

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